Étymologie sélective orientée philosophiquement et esthétiquement

œil

oculus (œil)
ocellus (petit œil / marque en forme de petit œil)
→ atr-oce (d’aspect noir, sombre) / fér-oce (d’aspect sauvage)

Instrument qui se meut lui-même, moyen qui s’invente ses fins, l’œil est ce qui a été ému par un certain impact du monde et le restitue au visible par les traces de la main.
[…]
L’œil voit le monde, et ce qui manque au monde pour être tableau, et ce qui manque au tableau pour être lui-même, et, sur la palette, la couleur que le tableau attend, et il voit, une fois fait, le tableau qui répond à tous ces manques, et il voit les tableaux des autres, les réponses autres à d’autres manques.
L’œil et l’esprit (Maurice Merleau-Ponty)
Le nom de l’« œil » appartient à une racine qui fournit, d’une part, un désidératif, […] et, de l’autre, le nom radical de l’organe de la vision […].
Ce qui fait que le nom de l’« œil » varie d’une langue à l’autre, ce sont les croyances attachées au mauvais œil […] ; dans l’Avesta, le nom […] aši désigne l’« œil » d’êtres mauvais ; en vieux perse, l’« œil » est nommé (h)u-čašna, littéralement « bon œil » […]
Dictionnaire étymologique de la langue latine (A. Ernout & A. Meillet) La comtesse perverse (Jesús Franco)
[Êtres humains] composés de deux parties : l’une extérieure, celle-là, vous l’appelez /Gnoul/, corps, et l’autre qui vit dans le Gnoul et que nous appelons tous /Nsissim/.
Nsissim, c’est ce qui produit l’ombre, l’ombre et Nsissim, c’est la même chose, c’est Nsissim qui fait vivre Gnoul, c’est Nsissim qui s’en va quand l’homme est mort, mais Nsissim ne meurt pas.
Tant qu’elle est dans son Gnoul, savez-vous où elle demeure ?
Dans l’œil.
Oui, elle demeure dans l’œil, et ce petit point brillant que vous voyez au milieu, c’est Nsissim.
Anthologie nègre (Blaise Cendrars)